Rencontre avec Marcelo Gomes – Institut des Amériques

Carte blanche

L’institut des Amériques et L’Ecran de Saint-Denis développent des séances intermédiaires entre les éditions 2022 et 2024 du Festival de cinéma « Le documentaire engagé dans les Amériques » permettant la diffusion de documentaires et ou de fictions au sein de rencontres avec cinéastes et chercheurs. L’ensemble des séances et du festival forment un parcours cinématographique dans les Amériques. La première séance se fera en février 2023 dans le cadre des 23èmes Journées cinématographiques « Regards satellites »

Au Brésil, les années 2000 ont été marquées par une reprise de la production cinématographique et par la diversification et le développement d’autres centres de productions hors des circuits Rio de Janeiro/São Paulo. Dans ce contexte, des États comme Minas Gerais (centre) et Pernambouc (Nord-est) proposent des filmographies riches avec d’autres regards sur différentes problématiques du pays, et d’autres possibilités de mise en scène.

Dans l’État de Pernambouc, sont significatifs l’importance quantitative et qualitative des films réalisés ces dernières années, le très grand nombre de maisons de productions, l’organisation de plusieurs festivals et espaces de formation pour les professionnels du cinéma. En outre, la politique de l’État de Pernambouc a soutenu sur le long terme la production audiovisuelle, notamment à travers une loi qui en garantit le financement. Parmi les cinéastes, Marcelo Gomes est un nom important aussi bien comme producteur, scénariste qu’en tant que réalisateur. Dans ses films, il aborde une grande variété de sujets traités formellement de manières très différentes : si, dans son premier long-métrage Cinéma, aspirines et vautours (2005), il filme le Sertão, un espace à maintes fois représenté dans le cinéma brésilien, il nous promène, dans Il était une fois Veronica (2012), dans l’espace urbain de la capitale du Pernambouc, Recife ; il aborde également des sujets historiques dans Joaquim (2017), en complexifiant une figure importante dans la construction de l’imaginaire de l’histoire du Brésil.

Cette année, le cinéma l’Écran de Saint-Denis accueille le projet « Parcours cinématographiques des Amériques », proposé par l’Institut des Amériques en collaboration avec Sorbonne Université, dans le cadre du Festival Journées Cinématographiques « Regards Satellites », et en proposant une soirée consacrée à Marcelo Gomes avec ses deux derniers films. Dans le documentaire En attendant le carnaval (2019), premier film de notre soirée consacrée à ce réalisateur, nous voyageons à Toritama, petite ville de l’intérieur du Nord-est du Brésil, dont les habitats, d’anciens paysans qui travaillent désormais dans l’industrie textile, sont submergés par le discours individualiste néolibéral de la réussite économique, tout en rêvant d’un moment d’échappatoire lors des fêtes du carnaval.

Dans Paloma, deuxième film de la soirée, la protagoniste est une agricultrice, noire et transgenre, qui poursuit le rêve de se marier à l’église avec son compagnon. Dans ce film, nous nous rapprochons de la subjectivité de la protagoniste, déterminée et rêveuse, qui se bat envers et contre tout et tous ; un sujet important dans un pays envahi par les discours conservateurs du gouvernement de ces dernières années et marqué par l’un des taux les plus élevés d’assassinat de trans et travestis au monde.

Alberto Silva, Maître de conférences en Civilisation Contemporaine et Cinéma brésilien, Sorbonne Université.

Durée : 01:26 et 01:44

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